Place de la description dans l'écriture littéraire
Fastidieuse, ennuyeuse, dépassée, la description suscite de nombreuses réactions négatives, elle ne serait qu'un simple ornement inutile qui "brise le rythme du récit" (Adam, 1997).
Déjà, pour la rhétorique classique, la description n'était qu'un moyen parmi d’autres pour que le texte gagne en qualité et en quantité. C'était la narration qui était considérée comme la forme la plus proche de l’idéal de cohérence prôné par l’esthétique classique, la forme de description la plus commune, celle qui prend la forme d'une énumération, n’exigeant pas de plan ou d’ordre cohérent.
Malgré ce mépris apparent, la description figure bien dans des manuels de rhétorique, étant souvent associée à un terme pictural ou visuel. Au XVIII siècle, dans un passage de l’Encyclopédie, la description est même définie comme une «figure de pensée» ce qui tend à prouver que, dès cette époque, on lui attribue le pouvoir de mobiliser les connaissances préalables du lecteur puisqu'elle exige de sa part une lecture active qui reconstitue l’image de ce qui est décrit lors de la lecture. Voici qu'apparait la possibilité d'une vision positive de la description au travers de sa capacité à convoquer l'imaginaire.
Terminons ce premier article sur la description avec Julien Gracq, critique littéraire passionnant, qui la considère comme l’élément littéraire qui se rapproche le plus d’un tableau puisque son objet d’étude n’est pas le temps, comme la narration, mais l’espace, comme la peinture.
Nous reviendrons sur cet aspect spatial de la description.