Une forme intéressante : le roman de nouvelles, des nouvelles avec un thème qui en font presque les chapitres d’un récit. Les liens restent ténus et non systématiques. Parfois, les deux personnages sont absents et leur histoire d’amour est à peine esquissée.
Un style souvent dépouillé, beaucoup de beaux moments de description. Une retenue qui concentre l’écriture sur les sensations, les ambiances, les lieux. Peu de subjectivité à peine portée par un narrateur omniscient, mais discret et peu informé, il suppose souvent, une écriture visuelle qui explore la langue avec sensibilité et invention. Les personnages sont à l’image de l’écriture dans une sorte de détachement. L' histoire reste suspendue, comme un rêve. Rien de vraiment intense, sauf les passages qui glissent vers le fantastique où parfois se glisse un peu de violence. Une belle liberté d’imagination qui s’expriment au travers des personnages de commerçants aux activités irrationnelles ou d’un car qui balance entre des filets.
Qu’est-ce que nous laisse ce livre ? Un plaisir de lecture. et l’impression de saisir la qualité particulière du souvenir, du songe. De l’entre-deux ? Nous pouvons nous reconnaitre dans les personnages à peine esquissés, fantomatiques comme cette ville et son cargo rouillé. Un livre dans lequel la texture singulière de l’écriture tient la première place.
LOIN DE MAVILLE, Blanche Bibaut