La nuit t’a effacé, couple de mots moelleux qui naviguait, flottait, caressant mon esprit entre deux rouleaux de sommeil.
Limpide, évident. Envolé. Mon amant de passage,
je t’ai perdu, et pourtant tu es là, familier,
trace de sens, témoin de la justesse possible des mots
si proche, jouissif comme une surprise,
là, juste derrière la porte, je sens l’écho étouffé de tes sons !
J’avance et tu t’échappes,
l’ami au bout du quai, tu disparais et ton image, ton parfum, restent,
parfum de mot, empreinte, vibration volatile et puissante,
avoir les mots, les perdre, comme vivre et mourir.
Je sens encore la perfection de ta justesse :
celle d’un accouplement furtif qui pouvait repeindre la vie.
Me reste le plaisir de t’avoir effleuré,
de savoir que je pourrai chercher encore,
vibrer, de mot en mot, promener mon sommeil dans les chemins du Verbe.
Et m’éveiller conquise, forte de ton absence toujours renouvelée,
prête à repartir, à collecter les mots, les assembler, les amasser, les saisir,
tous,
comme autant de prises volées à l’impuissance d’être.
Sylvie R.B.