De chaque pore de ton corps, les fleuves coulent.
Je me rapproche de la source. Je me tais.
Mes narines s’abreuvent à cette vibration.
Je n’identifie pas, ne compare à rien, pas de musc, pas d’encens, tu es le seul indice.
Enquête dilatée de mon nez affamé, comme un enfant bercé, les yeux fermés,j’écoute.
Sans bruit et sans bouger, ta peau me chante sa caresse épicée.
Vaisseau, pirogue, amande amère, un peu de toi monte vers mon cerveau.
Une sensation irisée me visite, rayonne, je recueille avec soin cet embrasement invasif et poivré.
Saturation des molécules de mon être, tu diffuses, j’infuse, je m’envole et je me concentre.
Zeste d’âcre et de sel, j’embarque pour ses terres acides.
Explosion de fleurs à peine desséchées, couleurs d’automne que le vent aurait timbrées d’un peu de vétiver, toute une flore à grain de peau, délicate et boisée.
Et là, sous l’aisselle, un souffle, le vent soufré des lieux secrets.
Tropique volatile, licieusement lancé à ma poursuite. Danger.
Tant pis, j’y suis, j’y vogue.
Flux d’images. Peau hérissée.
Sur la piste du tendre, je suis nourri, comblé.
Flot d’impressions canalisé dans le plaisir du souvenir,
je m’offre à cette offrande.
Des boucles se reforment comme autant d’infinis, résurgences multipliées par une onde de cuir et de genévrier qui replie le temps dans sa nappe.
Il se recourbe, s’agenouille devant l’effluve du bonheur.
Une destination qui s’annonce en forme de déjà vécu.
Instant plein. Ma nuque se referme, la vie m’a recouvert.
Notre vie.
Je cherche, je relie, je convoque.
Les voiles de l’émotion gonflées à bloc, je n’ai qu’à me laisser porter, tout est tracé dans l’air qui nous relie.
Surgissement.
Délivrance de la note finale.
Souvenir du plaisir.
En bourrasques.