Couleur, une double étymologie

Couleur, une double étymologie

La couleur, une évidence et une complexité ! 

Dès son origine gréco-latine, la notion de couleur était plurielle.
Ainsi, notre vocable « couleur » est issu du latin color qui se rattache au même groupe que le verbe latin celare qui signifie : cacher, receler, tenir secret, celer, ne pas dévoiler selon l’idée que la couleur recouvre et cache la surface des choses, qu’elle est une sorte de fard.
Tandis pour que les Grecs, la couleur, c’est λευκός (leukos) qui désigne la lumière, la clarté ou l’éclat. Ce n’est donc pas une notion abstraite de couleur et c’est le mot latin lux, « lumière », qui héritera de cette étymologie. Pour les Grecs, c’est par le mélange de la lumière et de l’ombre que se formaient les couleurs qui étaient avant tout vie et lumière.
Ainsi, dans l’Antiquité latine, la couleur était apparence, masque après avoir été vie et lumière pour les grecs  !
Ces deux étymologies n’ont rien de physique ou de concret, elles ne décrivent pas la couleur, ne se contentent pas de poser un terme général, elles décryptent la couleur, l’interprètent, lui attribuent un sens, un effet. Aussi différentes qu’elles soient, ces deux étymologies de la couleur mettent en avant, chacune à leur façon, un lien entre couleur et mystère, consacrant la force émotionnelle et même spirituelle de la couleur.
De même, l’ajout dans le texte d’une « dimension colorée » produit certes ce que l’on appelle un effet de réel ajoutant une dimension sensitive, concrète à la scène évoquée, cependant la couleur dépasse le simple élément « factuel » et descriptif, il produit un effet supplémentaire sur l’imaginaire, l’état émotionnel du lecteur et sa compréhension de ce qui se passe.
Ces quelques notions sur l’étymologie du mot montrent que les langues anciennes ont une approche de la couleur qui peut être relié à l’exploration littéraire : chercher, à partir du réel, du concret, à le dépasser, à le crypter pour mieux le décrypter ?Ajoutons que les deux dimensions de mystère, que l’on peut rapprocher de l’étymologie latine, et de lumière, correspondant à l’étymologie grecque, restent deux axes essentiels pour approcher la question de la couleur dans l’art.

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