Je retrouve chez Aragon la fascination que j’éprouve pour les auteurs chez qui, selon la phrase de Baudelaire, « au fond du plus noir des puits, tremble le ciel bleu. »
Breton utilise le mot de « contradiction », je choisirais plutôt celui de « complexité » qui unifie la force des contraires qui ne s’excluent pas, mais se répondent indéfiniment pour constituer un monde humain.
C’est ainsi que je percevais, Louis, le héros de Sève d’automne, qui m’a longuement accompagné, impossible pour lui de guérir de la guerre, mais sa femme est si vivante, si « autre » et puis, il y a les Cévennes, une nature puissante et partout les marques têtues du travail humain, source infinie de pensée et d’émotion. Au fond de son puits noir de poilu, se reflète, le visage de Rachel et le ciel cévenol. Baudelaire a raison, ces reflets tremblent, se mélangent, se superposent, s’opposent parfois, mais tout au fond quelque chose du bleu subsiste. Domine ? Oui, décidément, oui.

