A la lecture de Phèdre, il s’opère une sorte de condensation d’énergie autour de certains mots comme fatal, toujours, cruel, redoutable, brûler… des mots paroxystiques qui s’intègrent dans la musique du vers et créent une impression de force concentrée. Ils ne font pas imaginer au sens de voir, ils font ressentir une puissance du mot comme une sorte "d'obus de sens", un trou noir plus qu’une explication ou l’indication d’une qualité marquant ainsi la force d’un fatum, d’une destinée soumise à des puissances divines ou émotionnelles qui dépassent le personnage. La musique de l’écriture se construit autour de ces nœuds d’intensité, mots répétés, mots qui nous paraissent peut-être parfois vieillis par leur dimension dramatique, leur "pathos" mais qui déploient chez Racine, par leur rôle musical et rythmique, un charme au sens étymologique du mot : celui de formule magique et chantante. Lire Racine, c’est être pris dans sa musique qui sublime la langue tout en gardant cette formidable concentration de mots et d’émotion.
Si vous souhaitez être tenu informé des parutions de ce site.