Décrire les couleurs

Décrire les couleurs

Écrire, décrire la couleur


« L’art lui-même peut se définir comme la tentative d’un esprit résolu pour rendre le mieux possible justice à l’univers visible [...] C’est une tentative pour découvrir dans ses formes, dans ses couleurs, dans sa lumière, dans ses ombres, dans les aspects de la matière et les faits de la vie même ce qui leur est fondamental [...], la vérité même de leur existence. » Joseph Conrad

La vue est celui de nos sens qui guide le plus fortement notre activité, construit la perception de ce qui nous entoure. La couleur, élément essentiel de ce « visible » constitue l'un des enjeux majeurs de l'écriture et de son rapport au réel. 
La place des couleurs est plus ou moins grande selon le projet d’écriture et le type de style, mais, même dans l’écriture la plus minimaliste, les couleurs sont rarement totalement absentes.
En effet, c’est par la couleur que nous voyons la forme, elles entrent pour une part essentielle dans notre relation au monde. Elles permettent de saisir les choses, leur matérialité et, peut-être, leur essence. C’est aussi la couleur qui « donne vie » au visuel.

Écrire serait même, pour Flaubert,  « rendre une coloration, une nuance », les couleurs seraient « la quintessence supérieure du livre. »

La couleur dans l’écriture

La couleur  résiste aux descriptions verbales, reste un défi que continuent à relever de nombreux écrivains.

Défi poétique, défi lancé au langage, car il ne suffit pas de dire "le ou les mots de la couleur" pour la faire voir. Je dis « rouge » et cette couleur ne serait-elle pas ce que Stéphane Mallarmé  dit à propos de la fleur : « l’absente de tout bouquet ». Rouge, quel rouge ? Magenta, carmin, vermillon, pourpre, cinabre, un rouge sans nom, une impression vague de rouge ?

Il y a donc une particularité de la couleur, mais aussi une  particularité de celui qui voit. La transmission du phénomène est, par définition, logée dans l’œil de celui qui voit un objet coloré qui ne sera jamais identique à la couleur du même objet vu par son voisin. En tout cas, nous ne pouvons pas le vérifier ! Par convention, on s’accordera sur un mot qui peut recouvrir un vaste spectre comme "rouge" sachant que: le rouge d’une rose, par exemple, est une autre couleur que le rouge du sang.
On peut être tenté par le relativisme : il n’y aurait pas de « réalité » de la couleur.

Autre objection majeure  : la référence, la précision de couleur seraient-elles un simple "effet de réel" (voir l'article sur ce que désigne cette expression) ? C’est-à-dire un détail ajouté pour tenter de rendre plus réel ce qui est raconté ? Un détail qui fixe l’imaginaire ou l’emprisonne sans partager vraiment un contenu ? 

Relevons donc le défi d’écrire les couleurs !

 

L'écriture de la couleur se heurte à deux principales difficultés 


1 Les notions d’immédiateté et d’expressivité sont toutes deux antinomiques au fonctionnement du langage
La couleur est « l’endroit où notre cerveau et l’univers se rejoignent » P. Cézanne.
Si l’on fait fi du processus physique réel, la vue des couleurs nous parait de l’ordre de l’immédiateté. La couleur surgit et nous atteint comme expressivité pure, tandis que le langage ne peut être que transcription, médiation par les mots, détour.
2 La question du général et du particulier
Le Traité des couleurs de Goethe nous l’explique : « Pour simples que soient les couleurs dans leur première apparence élémentaire », c’est-à-dire en tant que phénomènes originels, « elles se font infiniment multiples lorsque, hors de leur état pur et pour ainsi dire abstrait, elles se manifestent dans la réalité, notamment sur les corps où elles s’exposent à mille contingences. Il en résulte une individualisation illimitée qu’aucune langue ni toutes les langues du monde réunies, ne sauraient désigner ».

Rappelons que l’œil humain peut différencier près de huit millions de nuances de couleurs.
L’expérience sensorielle de « la » couleur dans sa singularité concrète est irréductible à une description abstraite. Le langage, par nature, « généralise », il classe par catégories, à moins d’attribuer un nom propre, ce qui n’aurait pas de sens pour les trop nombreuses nuances de couleurs. Nous ne pouvons  que faire le constat de la difficulté de restituer une couleur, l’expérience vécue de la couleur avec les mots.

 

 Vocabulaire de la couleur

Comme pour les odeurs, la langue française manquerait de mots ?
"Aucun mot ne saurait exprimer la clarté vaporeuse qui enveloppait les côtes lorsque, par un magnifique après-midi, nous sommes arrivés à Palerme", nous dit Goethe.
Faisons l’inventaire des nombreux moyens à notre disposition. 

  • Des termes spécifiques, « directs », sans lien évident, de nos jours, avec un référent et assez peu nombreux : bleu, rouge, vert, jaune, mauve, etc., ce sont les « vrais » mots de la couleur. Notons que le nombre et la liste de ces mots peuvent varier d'une langue à l'autre, d'une culture à l'autre. 
  • Des termes référentiels « concrets » : par association à des pierres précieuses, des végétaux, des matières (coquelicot, saumon, ébène, etc. )
  • Des  termes référentiels « abstraits », par association avec une idée  : rouge passion, rouge glamour, bleu rêve, blanc pur, etc.

Cependant, le langage et, en particulier, le langage littéraire, dispose de bien d’autres ressources et l'on peut déjà préciser notre objectif : partager la couleur avec des mots, suggérer plus que de dire, faire le choix de l’indirect, de l’allusion sans renoncer toutefois à décrire, à chercher la précision, une sorte de ressemblance qui n’est pas celle du « faire voir ».

Se servir de vocabulaires spécifiques

Une des possibilités qu'offre l'écriture littéraire consiste à utiliser un vocabulaire spécifique et à se servir de son pouvoir d'évocation en l'utilisant dans un autre domaine.
Le plus utilisé est celui des pierres précieuses eu naturelles ( lapis-lazuli, cristal de roche, jade, saphir, améthyste...)
En voici deux autres exemples :

 1. Les couleurs du vin

Les couleurs du vin ne se bornent pas au choix classique entre rouge, blanc, rosé, distinction qui porte déjà pourtant en elle tout un imaginaire : fraîcheur associée au rosé, imaginaire de l'été et de vacances, transparence du blanc de sable, puissance  du rouge d'un bourgogne... L'on voit combien l'écriture de la couleur gagne à chercher du côté de la synesthésie, non pas au sens du mélange des sens, mais de leur complémentarité, de leurs possibilités de recréer toute une  "sensation de monde réel" en se renforçant mutuellement. Le domaine des vins est un excellent exemple d'univers synesthésique, car, si le vin, c'est un goût, un degré d'alcool, un arôme, c'est aussi une couleur, des teintes particulières : l'oenologie utilise pour cela un  beau verbe métaphorique : la robe - la couleur- habille le vin.

Ainsi, parmi les vins rouges, se distinguent des robes allant du pourpre à l’orangé. Les vins évoluent de phase rubis, vermillon à des grenats et l'étonnant "tuilé" associé à des  reflets bruns ou orangés qui développent des arômes de tabac, de cacao,  de café et de fruits confits. . . Des "rouges " peuvent être dits noirs, orangés, marrons, bleus, violine.  Prendre la couleur - et la matérialité? - de la brique.

Avec les vins rosés s'ouvre  un camaïeu qui va  du rose pâle au pétale de rose, au  claret, au rose saumon jusqu'au  rose cerise et même à ces rosés dits "gris". Une sensualité délicate anime ce vocabulaire qui parlera si musicalement de "note" pelure d’oignon et de "note" orangé.

Terminons par la déclinaison des blancs qui, étonnamment déploie des jaunes, avec de "jeunes blancs"commençant par du  "jaune vert" "argenté" pour s'adoucir en jaune paille puis  brillant d'un jaune d'or, se corsant jaune ambré ou même jaune topaze et pourront, en vieillissant, devenir des blancs aux reflets orangés, puis cuivrés pour terminer marrosn.

 2. Les couleurs des chevaux

Moins connues,  les couleurs des chevaux offrent aussi un vocabulaire qui, pour le néophyte, ne fait pas "voir" la robe du cheval, mais sollicite un imaginaire cinématographique ou pictural qui déborde et s'étend vers l'espace et la géographie. Couleurs de western ou de steppes, de grandes chevauchées ou d'amitiés homme-animal, l'alezan, la couleur pie, l'isabelle ont  le luisant du cuir noir, la soie du blanc d'une crinière, l'odeur de paille, de sueur, de batailles ou de fuites éperdues, elles embarquent l'imagination et peuvent donc être utilisées avec profit hors de leur domaine animal.

Les mots techniques de la couleur

  Il existe un large vocabulaire technique de la couleur comme il existe un vocabulaire spécifique aux sons.

La valeur d'une couleur


Elle distingue, couleur claire, foncée selon la luminosité entre blanc et noir. On peut retrouver une certaine dimension philosophique aux valeurs de la couleur : classicisme du blanc, épure que l’on retrouve dans les intérieurs design minimaliste, profusion des couleurs, diversité, multiplicité qui peut être envisagée comme un gage de spontanéité (évaluation positive) ou perçue comme bariolée (évaluation négative).
Notons aussi l'importance de l’idée de « part d’ombre » qui serait la "condition nécessaire à toute œuvre" pour Goethe.

La couleur se fait aussi par la lumière et les jeux de lumière et d’ombres.

La table est marron, mais avec le soleil à certains endroits, elle est blanche, de quelle couleur est-elle ? Est-ce que cela va entrer dans ma description ?
La couleur dépend des heures, de l’éclairage et pose la question du paraître et de l’être.
Le mur est blanc et une partie est à l’ombre, est-il toujours de la même couleur ? Mais ombré ?
Relevons les pôles : couleur vive/éteinte. Fraicheur/ombrage. Assombrie, clair-obscur / aveuglante, éblouissante. Terne / miroitant, moiré, éclat…
Le mat / le brillant semblent des caractéristiques indépendantes de la couleur :  pourtant bleu mat, vert mat ne sont-ils pas des couleurs différentes que bleu satiné ou vert brillant ?

Notons ici l'importance du reflet qui était déjà dans les couleurs du vin ci-dessus : la couleur se fait, se distingue, s'apprécie par sa capacité à capter, à diffuser la lumière.

 

Le ton ou la tonalité d'une couleur

Ton ou tonalité désignent la couleur que l’on voit, alors que le mot « couleur » peut aussi désigner la peinture qui sert à la créer.

Les tons se regroupent en champs chromatiques qui se reflètent dans le langage. Par exemple, couleurs chaudes et froides avec tout le vocabulaire associé, du glacial au brûlant. Dans le disque chromatique, les tons proches du pôle orangé sont dits chauds et ceux proches du pôle bleu sont dits froids. Les tons situés à mi-chemin, gris, pourpres et verts, n’ont pas de « chaleur » en eux-mêmes, mais on peut dire de n’importe quel couple de tons que l’un est plus chaud que l’autre. On « réchauffe » et on « refroidit » des tons en y ajoutant une couleur proche qui les rapproche des pôles orange et bleu.

 

Valeur esthétique et quasi "éthique" de la couleur 

 Il existe une ambivalence de la couleur : pureté / sensualité ou sauvagerie / sagesse.

Quelle différence existe il entre sombre et noirâtre ? 
Du négatif circulerait par la couleur quand elle est ainsi dévalorisée  : le rougeâtre, couleur de bâtardise, une  couleur peut-être salie ou épurée.
Valorisation de la couleur originelle / sophistiquée, primat de l'authenticité, justesse de la couleur naturelle / couleur chimique, synthétique, artificielle. Pigments contre colorants? 
On peut faire ici un parallèle avec la distinction Majeur / mineur en musique.
Autres polarités :

- Concentration ou dilution de la couleur comme des formes d'activité/ passivité ?
- Transparence / opacité . Apparition /disparition.
- Netteté  /flou.
- Vulgarité / Délicatesse? 

 

Nuances et teintes 

Ce sont les petites différences entre des tons de même désignation. Le langage professionnel des coloristes a développé bon nombre de termes d’usage pratique qui n’ont pas nécessairement de définition précise et universelle : bleu de Prusse, cyan… Ces noms ne sont maitrisés que pas les peintres ou les teinturiers, ils gardent, en dehors de la couleur spécifique associée, un pouvoir d’évocation et d’activation de l’imaginaire en dehors même de toute précision.

Les mots désignant les teintes de couleurs sont parfois utilisés pour leur sonorité, aimés, choisis et placés pour eux-mêmes, pour leur dimension expressive et poétique. 

 

Description par l’effet produit  : la couleur comme activité

Le regard, la perception sont transformés par la couleur.

On trouve ici tout un vocabulaire qui permet de préciser cette "activité" de la couleur :
- Force, violence, douceur de la couleur : couleur équilibrée et couleur détonnante
- Couleur agressive, délicate, fragile, criarde, glaciale, reposante, somptueuse, solennelle, agréable, désagréable, magique, inquiétante…
- Couleur-matière et qualités tactiles : profondeur, surface, texture en lien avec la matière qui la porte... Rugosité, couleur granuleuse / lisse, douce…

- Masse colorée : couleur épaisse. 

- Bande, étroitesse... la couleur dépendrait de son déploiement : l'adjectif chatoyant s’emploie pour une grande surface, tandis que scintillant serait pour une petite surface ?
-  Couleur brisée, cassée ?

 

Dimension vibratoire de la couleur

L'on retrouve ici, que même avant de disposer de l'explication scientifique de la couleur, on a pu lui associer une dimension vibratoire.  

Polarité électrique de la couleur : le plus, le moins et leurs effets attraction / répulsion.
Notons les termes intensité, irradiation, énergie, pulsation, couleur tremblante… Incandescence !
Il faut ici rappeler l’importance de la notion de saturation. Le degré de saturation d'une couleur est une mesure de son intensité ou de sa pureté. En termes simples, il indique à quel point une couleur est éloignée du gris.  Une couleur très saturée sera vive et éclatante, tandis que faiblement saturée, elle paraitra plus atténuée.

 

Unité ou variation, composition colorée


Les enjeux sont nombreux : monochromie, polychromie, uniformité, dégradés, couleurs fondues, couleurs heurtées, transition ou coupure, couleurs mélangées, côte à côte, juxtaposées, couleurs qui se frottent, se repoussent...
La page est blanche ? Est-elle uniforme ? Si je peignais devrais-je mettre du gris ? Et pourtant j’en reste là, malgré les ombres, les tâches : « la page est blanche. »
On retrouve ici la dimension d'évaluation liée aux couleurs : ordre / désordre, unité, harmonie, camaïeu, contraste et puis l'idée de bariolé, de bigarré, de barbouillé...

La couleur se fait lieu de polarité, d’opposition entre pureté / mélange, combinaison. 
Les couleurs se rencontrent, interagissent : se renforcent, s’éteignent…
Question de l’harmonie : degré, gradation, spectre,  groupe de couleurs, règles physiologiques ou règles non fondées, conventions culturelles  ?

Pas de fondement, mais effort, cohérence, un refus du n’importe quoi ? Existe-t-il une « logique » des couleurs ? Ou est-ce une limite à la liberté ?

 

Adjectifs ou substantifs modulent l'évocation de la couleur

L'on peut par exemple s'interroger sur la différence entre l’or et le doré ?

Le nom évoque une substance, une essence (Le bleu, Le noir..), il est du côté de la matière tandis que l'adjectif par sa natre de qualificatif reste du côté de la surface, de l'artifice, du non essentiel.

 

Couleur et temporalité

Persistance, constance, stabilité, couleur qui vit, couleur mouvante, fixe, mourante, couleur morte, figée, fuyante, couleur vide, couleur pleine, se déploie toute une vie de la couleur
Couleur rime parfois avec fragilité : trace, vestige, preuve, nostalgie. Lien avec l’éphémère ?

 

Voir les couleurs avec les yeux du peintre

Certaines des distinctions précédentes sont inséparables des techniques de peintres : reflet lumineux dans le clair-obscur, juxtaposition (impressionnisme) par tâches, pointillisme, traitement par aplats, formant un glacis… et puis les pigments, les surfaces,les  transitions, les discontinuités, comme chez Cézanne.Que signifie voir une « impression de couleur » ? Le pointillisme est-il plus proche de la réalité ? 
La couleur se précise aussi avec le vocabulaire de la composition: couleur de premier plan, d'arrière-plan.
Horizon, géométrie, point de fuite... le regard et les recherches des peintres démultiplient les mots de la couleur et les questionnements sur les sensations colorées et les formes qu'elles dessinent, et, in fine, sur notre accès à la réalité. 

Et puis il y a "la tache" : est-ce un morceau de couleur séparée?  Pourtant un tableau n’est-il pas un ensemble de taches? 

 Ces questions mériteraient un et m^me plusieurs articles chacune, j'y reviendrai...

Métaphores, comparaisons, synesthésies

Comme pour les sons, les figures de style sont un moyen de partager une teinte colorée :
- Métaphores musicales et couleur

Harmonie, cuivre, bois, orchestration colorée, accord, justesse, dissonance, baroque, jazzy, grinçante, mélodique, tonalité…
- Parallèle de la couleur avec la nourriture 

Couleur gourmande, épicée, fade, insipide, acide, appétissante, amère, délicieuse, nauséeuse… Couleur qui relève l’ensemble, l’affadit ?

- Personnification

Couleur nue, bienveillante, gracieuse, noble, puissante, vigoureuse, enjouée, joyeuse, mélancolique, digne, hardie, soumise… Couleur vulgaire ? Couleur blême.
Animale : plumes, pelages…
Imagerie du peuple, de la société : guerre et paix des couleurs, union, rencontre, alliance de pigments… Négociation ?
Noms de matière, d’objets, placés en position d’adjectifs, accolés (voir exemple de Fromentin)


Jeux de langage


« Tirant sur, tirant vers » : on définit parfois le lilas comme un bleu tirant sur le rouge et le blanc, quel est le sens de ce mouvement de la couleur ? 
Se représenter un orange tirant vers le bleu ou un violet tirant vers le jaune ? Est-ce possible ?
Il y a aussi l'énigmatique demi-teinte…

L'écriture des couleurs offre  une grande zone de liberté et d'invention (je vais mettre ces jours-ci en ligne un article sur la couleur chez Michel Castanier et chez les surréalistes.)

L'on peut surprendre avec des couleurs inattendues ou oxymoriques : un gris ardent est-il possible ? Une lumière brune ? Le gris est parfois lumineux…
Ou des effets inattendus : contraire à la norme admise ? « Les feuilles ivres-rouges des platanes tardifs  » Botho Strauss

Poser autrement la question de l'écriture de la couleur ?

Après avoir cherché à lister les moyens d'écrire la couleur, le problème ne serait-il pas, finalement,  mal posé : les mots ne font pas "voir" les couleurs, ils suscitent les associations,  font référence à une expérience commune et personnelle: le "ciel bleu" ne fait pas voir du bleu et pas même un ciel bleu, mais foit vibrer tous les moments où le ciel a été bleu pour le lecteur : plus qu'une couleur, une atmosphère, des attendus de beau temps, l'idée du ciel sans nuages...  La couleur, ce n'est pas un adjectif, une qualité, c'est un imaginaire, ce n'est pas une onde, c'est une circonstance, une donnée de l'expérience, un morceau de l'immense puzzle du souvenir et du vécu. J'y reviendrai...

 

 

 

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