Photographie et écriture
Écrire, c’est sélectionner, en fonction d’un contexte, d’une idée, de la suite du texte. Le monde fourmille d’êtres et d’objets, de détails, de structures parmi lesquelles l’écriture opère des choix ; la notion de « cadre » constitue l'une des balises possibles pour cette sélection, une délimitation spatiale et temporelle que l’analogie avec la photo ou la peinture permet de comprendre. La peinture se différencie de la photo notamment par les questions de la représentation, de la ressemblance (mimésis ), de matériau ou encore de texture.
Voici quelques livres qui intègrent ou utilisent de façons diverses des photographies.
Dans Nadja, André Breton cherche à donner un caractère authentique à son récit en y intercalant quelques photos des lieux, des êtres et des objets décrits, dont les dessins de Nadja, mais non Nadja elle-même.
La photo sur laquelle s’ouvre L’Amant de Marguerite Duras, n’est pas montrée, est « une photographie aurait pu être prise ». À l’origine de L’amant, l’idée d’un livre qui retracerait la jeunesse indochinoise de l’auteur sous la forme d’un album photographique qui ne verra jamais le jour, mais la photo idéalisée de la jeune fille sur le bac donnera naissance au livre.
Dans le livre Les Disparus de Daniel Mendelsohn, le narrateur identifie sur des photos des membres de sa famille disparus pendant la Shoah en Ukraine puis part pour découvrir comment ils sont morts avant que les derniers témoins ne disparaissent. Les photos sont alors le moteur du récit, la garantie de la véracité de l’histoire et de la sincérité du témoignage.
Annie Ernaux a largement utilisé la photo, l'album-photo dans son travail de restitution du souvenir individuel et collectif notamment dans l'ouvrage intitulé Les Années.