Ecriture, point de vue et focalisation

Identifier le narrateur ne suffit pas, car il peut prendre des formes très différentes qui influent de façon décisive sur la forme du texte et sa perception par le lecteur, il faut préciser « l’endroit et la façon avec laquelle le narrateur parle » : c’est cela que l’on appelle le point de vue, il a le sens de lieu, de position (intérieure ou extérieure à l’histoire, à la pensée, à l’émotion des personnages…) à partir de laquelle le texte est raconté. Ainsi situé, précisé, le narrateur donne une unité au point de vue, une unité au texte. Le lecteur d’un texte littéraire entre dans une expérience, celle du narrateur autant que dans un univers propre à l’auteur. On attribue généralement à Henri James l’invention de ce terme. Cet auteur a utilisé, notamment dans ses nouvelles comme Le Tour d’écrou, une façon de raconter différente du narrateur omniscient classique, en effet c’est un des personnages de l’histoire qui raconte : il donne donc son « point de vue » et l’auteur s’efface derrière ce point de vue particulier. Les différents points de vue sont aussi appelés, parfois, « focalisations ». Ce terme optique rappelle l’idée de regard : le texte littéraire rend compte d’un ou de plusieurs regards particuliers sur une histoire, sur le monde. Pourquoi est-ce si important de prendre le temps de s’interroger sur cette question et de disposer de quelques notions sur ce sujet ? Parce que c’est une des grandes zones de liberté et d’inventivité de l’auteur. Question de base qui reste le sujet de nombreux débats théoriques, le point de vue est aussi l’une des grandes sources de maladresses facilement repérables dans les manuscrits d’apprentis écrivains.