Forme

Forme

Mettre en forme, trouver une forme et la suivre… Voilà l’un de mes maitres mots en écriture. Un de mes maitres mots en atelier aussi, c’est l’une des pistes qu’empruntent mes retours sur les textes qui me sont proposés. Car, derrière les mots, derrière le sens, il faut mettre en place une structure temporelle et spatiale, construire, donner une cohérence.

Écrire, c’est savoir proposer un chemin au lecteur. Simple ou complexe, linéaire ou labyrinthique, le texte doit en suivre le dessin et, parfois, savoir le briser. En effet, si l’on peut chercher le désordre en tant que désordre, cela ne peut pas constituer un principe général esthétique. S’il ne contraste pas avec une mise en ordre, une mise en place narrative précise, le désordre, au sens de l’absence de soucis de la forme, peut charmer un moment, comme tout geste qui se réclame de la liberté, de la rupture, il finit par tomber à plat. Au mieux, après avoir suscité l’étonnement, la curiosité, il lasse. Pourquoi cette lassitude ?  Parce que c’est au travers de la forme que peuvent se relier l’esprit, la pensée avec la matière même du texte. L’idée qui anime le texte a besoin d’une trame. C’est là où peuvent se rencontrer le désir d’écrire, de raconter et la volonté de comprendre du lecteur, cette part naturelle de l’esprit qui cherche à se repérer dans ce qu’on lui propose. Et c’est sur ces repères que vont se développer les autres versants de la lecture : le partage des sensations et des émotions.

Donner une forme au texte, visible ou souterraine, c’est installer une structure qui va donner au lecteur la possibilité d’entrer dans le texte, de vibrer et l’envie de s’y engager. La forme ne doit pas être perçue comme une limite posée à la liberté, un empêchement à créer, elle fournit un tremplin, un chemin heuristique grâce auquel l’esprit du lecteur, comblé, pourra laisser libre cours à son imagination et à ses émotions. Elle est la condition pour que le lecteur exigeant signe à deux mains le pacte de lecture, pour qu’il entre « corps et âme » dans la fiction.

L’émotion n’est pas simplement faciltée par l’absence d’incohérence, elle circule aussi au travers de la forme.  

 

 

 

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