Voyeur ?

Extraits de livres sur le thème du voyeur

« La fenêtre est un œil qui fascine, mais qui ne regarde pas ». Jean Starobinski                                                                                                       

« Du moins, pour moi, je n’ai jamais pu voir une fenêtre — éclairée la nuit, — dans une ville couchée, par laquelle je passais, — sans accrocher à ce cadre de lumière un monde de pensées, — sans imaginer derrière ces rideaux des intimités et des drames… Et maintenant, oui, au bout de tant d’années, j’ai encore dans la tête de ces fenêtres qui y sont restées éternellement et mélancoliquement lumineuses, et qui me font dire souvent, lorsqu’en y pensant, je les revois dans mes songeries : Qu’y avait-il donc derrière ces rideaux ? » Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques

 Pour celui qui se trouve à l’extérieur, la fenêtre offre la possibilité de saisir l’autre dans son espace intime, d’entrer dans son intimité par effraction, d'en observer les objets, les gestes. La fenêtre devient le support d’une activité de déchiffrement, notamment au sein du modèle narratif policier qui émerge avec Edgar Poe au milieu du XIXème siècle. On peut comparer cette situation à ce qui se joue entre un scientifique qui observe, agit, interprète, et sa souris de laboratoire, passive, inconsciente d’être un objet d’observation. 

Lire la suite...

Voyeur ?

Ecrire les sons, exemples

 Textes, extraits sur le bruit

Voici deux extraits de Siloé, un roman de Paul Gadenne, qui raconte la vie d’un jeune homme dans un sanatorium.

1. L’arrivée en bus avec le bruit du klaxon comme signe avant-coureur, un son particulier dans son développement et sa signification.

« La voiture roulait dans l’eau, dans la boue, éclaboussait les petits murs des fermes, bousculait des chalets aux balcons minutieusement fleuris. Mais elle ne faisait qu’effleurer leur grâce humide et, pressée de se rendre vers de plus hauts lieux, elle éludait résolument toutes les invitations champêtres et multipliait à travers l’innocent paysage, par des coups de trompe répétés, la sommation d’avoir à écarter tout obstacle de son chemin. Les trois notes ainsi jetées à chacun des tournants de la route semblaient affirmer une préoccupation urgente et supérieure. Leur timbre grave, leur injonction énergique, la volonté qu’on sentait en elles d’arriver au terme, d’épuiser les détours de cette route infinie, de dérouler une fois de plus un lien entre deux mondes qui vivaient séparés, fournissaient à cette montée une sorte d’accompagnement brutal, mais pathétique.

Lire la suite

Ecrire les sons, exemples

Le téléphone dans les textes

Le téléphone, textes, extraits littéraires

Voici quatre textes autour du thème du téléphone : un texte d'inspiration surréaliste de Françis Ponge (inspiré du Téléphone aphrodisiaque, Salvador Dali), un extrait de Fuir de Jean-Philippe Toussaint, un extrait de la Recherche du Temps perdu de Proust et le début de mon dernier roman, l'Autre d'une femme.

      -  "Lorsqu'un petit rocher, lourd et noir, portant son homard en anicroche, s'établit dans une maison, celle-ci doit subir l'invasion d'un rire aux accès argentins, impérieux et mornes. Sans doute est-ce celui de la mignonne sirène dont les deux seins sont en même temps apparus dans un coin sombre du corridor, et qui produit son appel par la vibration entre les deux d'une petite cerise de nickel, y pendante.

Aussitôt, le homard frémit sur son socle. Il faut qu'on le décroche : il a quelque chose à dire, on veut être rassuré par votre voix.

D'autres fois, la provocation vient de vous-même. Quand vous y tente le contraste sensuellement agréable entre la légèreté du combiné et la lourdeur du socle. Quel charme alors d'entendre, aussitôt la crustacenéologisme détachée, le bourdonnement gai qui vous annonce prêtes au quelconque caprice de votre oreille les innombrables nervures électriques de toutes les villes du monde !

Il faut agir le cadran mobile, puis attendre, après avoir pris acte de la sonnerie impérieuse qui perfore votre patient, le fameux déclic qui vous délivre sa plainte, transformée aussitôt en cordiales ou cérémonieuses politesses... Mais ici finit le prodige et commence une banale comédie." Ponge (Francis) : L'Appareil du téléphone

Lire la suite...

Le téléphone dans les textes
Si vous souhaitez être tenu informé des parutions de ce site.