Extraits de livres sur le thème du voyeur
« La fenêtre est un œil qui fascine, mais qui ne regarde pas ». Jean Starobinski
« Du moins, pour moi, je n’ai jamais pu voir une fenêtre — éclairée la nuit, — dans une ville couchée, par laquelle je passais, — sans accrocher à ce cadre de lumière un monde de pensées, — sans imaginer derrière ces rideaux des intimités et des drames… Et maintenant, oui, au bout de tant d’années, j’ai encore dans la tête de ces fenêtres qui y sont restées éternellement et mélancoliquement lumineuses, et qui me font dire souvent, lorsqu’en y pensant, je les revois dans mes songeries : Qu’y avait-il donc derrière ces rideaux ? » Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques
Pour celui qui se trouve à l’extérieur, la fenêtre offre la possibilité de saisir l’autre dans son espace intime, d’entrer dans son intimité par effraction, d'en observer les objets, les gestes. La fenêtre devient le support d’une activité de déchiffrement, notamment au sein du modèle narratif policier qui émerge avec Edgar Poe au milieu du XIXème siècle. On peut comparer cette situation à ce qui se joue entre un scientifique qui observe, agit, interprète, et sa souris de laboratoire, passive, inconsciente d’être un objet d’observation.